30/06/2011
La Lica fait ses premières Universités d'été au Havre dès demain
La Ligue Internationale Contre le Racisme et l'Antisémitisme propose les 1er, 2 et 3 juillet 2011 sa 1ère Université d'Eté au Havre.
Et la liste des personnalités qui seront présentes est plus qu'impressionnante : Georges Fenech, Président de la Miviludes, Dominique Baudis, Défenseur des Droits, Jacques Attali, Aziz Senni, fondateur du Business Angels des Cités, Jean-Louis Borloo, Président du Parti Républicain, Noel Mamère, Président des Verts, Hervé Morin, Président du Nouveau Centre, Manuel Valls pour représenter le Parti Socialiste, une tête d'affiche encore inconnue de l'UMP, Didier Wampas, Lisa Portelli, Francis Lalanne... Le Havre va devenir, le temps d'un week-end de trois jours, le centre national de l'ouverture à l'autre.
Alain Jakubowicz, Président de la Licra, présente ce rendez-vous comme une évidence face à la situation politique de la France : "La Droite se libère, se rapproche de plus en plus du Front National. Et la Gauche ne prend pas comme elle le devrait les débats. Marine Le Pen au deuxième tour en 2012 apparaît pour eux comme un fait banal et une fatalité. A la Licra, nous considérons que le débat doit avoir lieu entre la Gauche Républicaine et la Droite Républicaine. Pour contrer les extrêmes, qu'ils soient de Droite comme de Gauche, et conserver une France Républicaine. Il n'y a pas de fatalisme".
La Licra, trop moraliste ? Pour Alain Jakubowicz, "elle est en tout cas à l'origine des premières poursuites contre le FN. Et parmi les procès qui nous ont été reprochés il y a celui contre Eric Zemmour. La question qui se pose est "Où doit s'arrêter la liberté d'expression ? Aux Etats-Unis, sous le couvert du Premier Amendement, on peut dire et afficher tout ce que l'on veut : le KKK peut défiler à visage découvert et alpaguer les gens en les traitant de "sales Nègres" ou de "sous-hommes". Le tout sans crainte de la Justice et avec la protection de la police. La Licra se pose donc régulièrement pour que des frontières ne soient pas franchies."
Les débats seront "ouverts à tous, c'est un évènement public et gratuit. Il est juste préférable de s'inscrire pour être sûr d'avoir une place."
Pourquoi Le Havre ? D'abord parce que le Groupe Partouche soutient activement la Licra. Ensuite parce qu'Antoine "Rufenacht a compté au seine de la République, dans son opposition farouche avec le FN."
Pourquoi des Universités d'Eté de la Licra ? "Ce sont les premières et elles devront permettre de montrer que nous ne sommes pas que des donneurs d'ordres, des moralistes. Il y a la volonté de faire des propositions positives pour la Présidentielle et les Législatives de 2012 : 120 propositions. Au Havre se tiendront donc 12 tables rondes pour réfléchir sur ces points."
En savoir plus... Née en 1927, la Licra est la première association antiraciste au monde. Apolitique, elle a été fondée par un journaliste et a reçu dès sa création le soutien des principales personnalités de l'époque : Blum, Jaurès, intellectuels de tous bords, tous aimant la République. L'association compte aujourd'hui environ 6 000 adhérents et de nombreux sympathisants, de Droite comme de Gauche. Elle se refuse à un attachement avec un parti, ce qui fait que dans les 3 derniers Présidents de la Licra, l'un était proche du PS, l'autre de l'UMP et Alain Jakubowicz se dit "proche de personne et proche de tout le monde". Et cela se retrouve dans ses positions : si le Discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy est "une catastrophe" et que "l'attaque contre la binationalité est honteuse", l'association est toutefois "favorable à l'interdiction du Voile Intégral" et a participé au débat sur l'Identité nationale. La Licra tient à porter l'idée de "Liberté, Egalité, Fraternité et Laîcité".
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25/05/2011
Le féminisme à l'honneur à l'Université du Havre
Jeudi 26 et vendredi 27 mai 2011, l'Université du Havre reçoit des personnalités d'Europe, d'Amérique du Nord et du Moyen-Orient pour traîter de "Multiculturalisme et Genre en France, Catalogne, Grande-Bretagne, Canada et USA".
Parmi les thèmes examinés : "Sexisme, homophobie et racisme", "Femmes et religion", "Réfugié-e-s, droit d'asile et genre", "Travail, genre et multiculturalisme".
Et pour mener les séances et débats, des femmes venues de Grenoble, de Toulouse, de Leicester, de Toronto, de Montréal, de New York, de Paris, d'Abu Dhabi, de Londres, de Croatie, de Nice, de Lille... Des allocutions à suivre en français et en anglais.
Retrouvez l'intégralité du programme sur le site Internet de l'Université du Havre (ici).
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03/09/2010
Entretien - Najwa El Haïté, Présidente de SOS Racisme Haute-Normandie
Alors que commencent en France des 'manifestations contre la "xénophobie d'Etat"', rencontre avec la Présidente en Haute-Normandie de l'association SOS Racisme.
Pourquoi porter les couleurs de SOS Racisme ?
"Les objectifs de l'association ont beaucoup évolué depuis les années 80. A sa création, SOS Racisme s'intéressait exclusivement aux problèmes raciaux, ethniques. Aujourd'hui nous luttons contre toutes sortes de discriminations, même géographiques ou sociales. Ce que certains appellent des "Français de souche" peuvent en effet avoir du mal à trouver du travail, simplement parce qu'ils viennent d'un quartier populaire. C'est une discrimination que nous dénonçons et contre laquelle nous travaillons.
Car SOS Racisme n'est pas qu'un mouvement contestataire. Nous sommes aussi une force de proposition.
Il était important pour moi de porter le combat dans un milieu associatif. Mon adhésion consiste à participer à l'évolution des mentalités. J'étais auparavant au bureau national de Ni Pute Ni Soumise, que j'ai quitté pour des divergences d'opinion.
SOS Racisme avait aussi la réputation d'être un sous-marin du PS. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Personnellement, je suis membre du Parti Socialiste, mais il y a aussi des gens de droite à l'association. Au Havre, Bertrand Binctin, par exemple, qui est Adjoint au Maire UMP, est adhérent de SOS Racisme."
Certains journaux ont affiché dernièrement que la France est un "pays raciste". Partagez-vous cette opinion ?
"Non. La peur de l'autre est humaine. Ce que tous veulent, c'est la sécurité. J'ai l'occasion de parler avec des gens qui votent Front National mais qui ne sont pas pour autant racistes. Ce n'est pas la couleur de peau qui leur pose problème, c'est le sentiment d'insécurité, né souvent d'amalgames. Ce qu'il faut qu'ils comprennent, c'est que ce n'est pas le FN qui ramènera l'ordre. La gauche doit d'ailleurs continuer à s'approprier le thème de la sécurité.
Pour tout dire, personnellement je n'ai jamais eu à subir le racisme ; certains de mon entourage oui. Des discriminations à l'emploi et au logement en particulier."
La création de la HALDE (Haute Autorité de Lutte contre les discriminations et pour l'Egalité) n'a-t-elle pas enlevé sa raison d'être de SOS Racisme ?
"La HALDE est une institution publique, nous une association. Nous faisons un travail complémentaire. Le Président de SOS Racisme est par ailleurs membre du Comité d'Administration de la HALDE. Il peut nous arriver d'être en désaccord, comme pour les Roms ; nous suivons la décision du Tribunal Administratif qui a reconnu illégales les actions du Gouvernement."
Quelles actions menez-vous au Havre ?
"Plus que du racisme, nous nous y intéressons aux discriminations : à l'emploi, géographique et au logement. L'une des marques de fabrique de SOS Racisme, c'est le "testing". Nous en avons réalisé à Rouen mais pas encore au Havre. Ce sera fait prochainement. Nous savons par exemple que certains ont des difficultés à trouver un appartement en centre ville, auprès des bailleurs sociaux.
Nous souhaitons également que la Ville du Havre embauche prioritairement pour ses travaux des jeunes Havrais. Et que l'amalgame 'jeune = délinquant' cesse. La jeunesse, au Havre comme ailleurs, demande qu'on cesse de la stigmatiser. Elle veut s'en sortir, elle est pleine de compétences. Certains parlent de "jeunes" uniquement pour parler de couleur de peau. C'est regrettable.
Mais attention à la victimisation. Un jeune qui ne trouve pas du travail, quelle que soit sa couleur de peau, quelque soit son quartier, doit assurer sa mobilité et avoir un diplôme pour vivre."
Etre femme, issue de l'immigration et conseiller municipal, n'est-ce pas une gageure ?
"C'est un combat. Le plus difficile, c'est la parité. Etre une femme en politique, quelque soit le parti, c'est pas facile. C'est un monde d'hommes. Il y a 16% de femmes députés et 17% de sénatrices. Ca donne une idée du travail qui reste à faire. De plus, le nouveau scrutin qui devrait être mis en place pour les conseillers territoriaux en 2014 accroîtra encore le problème."
Que pensez-vous des manifestations qui commencent aujourd'hui ?
"Nous avons vraiment affaire à une xénophobie d'Etat. Elle est née lorsque Nicolas Sarkozy a repris le programme du FN. Il a créé un amalgame entre immigration et insécurité.
Retirer la Nationalité Française, c'est extrêmement grave. Vous n'êtes plus un Français comme les autres, vous pouvez cesser du jour au lendemain d'être Français... Le principe d'égalité, qui est un fondement de la République, est remis en cause.
Le Gouvernement a accumulé les amalgames. D'abord il y a eu le débat sur l'Identité Nationale. Un débat utile, à une heure où la Marseillaise est sifflée, mais qui a été dirigé afin de stigmatiser une partie de la population. Il faut être fier d'être Français, c'est important. La France a une histoire dont elle ne doit pas avoir honte, basée sur des valeurs fortes : des droits et des devoirs inhérents à tous, la laïcité, qui inclut la liberté de culte... Dans la lancée, il y a eu la burka. Ils ont utilisé la cause des femmes pour stigmatiser là encore la population. On ne peut accepter cette tenue qui fait de la femme un véritable fantôme. Mais lancer le débat en même temps que l'Identité Nationale, les minarets -parce qu'un sondage en Suisse révélait que la population ne voulait pas voir de minarets dans leurs pays-, et les Roms... Ca fait beaucoup !
Pensez, maintenant, dans l'esprit des gens il y a un amalgame entre les Roms, les Roumains et les gens du voyage ! Honte à la France, pays des Droits de l'Homme. Ces mesures n'ont qu'un objectif : cacher l'échec de la politique sécuritaire de Nicolas Sarkozy.
Jusqu'à fin septembre, il faut que la mobilisation soit forte, afin de faire reculer le Gouvernement, comme on a fait annuler en son temps le CPE. Associations, syndicats, partis politiques, il faut que tous participent pour se faire entendre."
En savoir plus : Voir le blog de Najwa El Haïté...
Une interview exclusive JeVisAuHavre. Photo : Copyright Alexandre Cauchois.
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