28/04/2009
Les Objecteurs de Croissance entrent en campagne
La campagne Europe-Décroissance a été lancée samedi 25 avril.
L'Association Des Objecteurs de Croissance (ADOC-France) a été créée pour finaliser les listes aux élections Européennes. Les sept régions auront à cette occasion, pour la première fois, des candidats Décroissants.
Le candidat pour notre région (Ouest) est Stéphane Madelaine, qui nous avait accordé il y a quelques semaines une interview (voir ici).
Dans son communiqué, l'ADOC indique que "le but de cette démarche n’est pas électoraliste". Il ajoute que "nous ne chercherons donc pas à obtenir coûte que coûte des sièges au parlement européen. Il s’agit bien pour nous, d’amener au débat public, pour la première fois dans l’histoire politique, les idées de la Décroissance. Des idées qui nous permettrons enfin de construire un autre avenir pour les peuples d’Europe. Notre force, ce sont nos idées !"
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31/03/2009
Interview : le Comité havrais des Objecteurs de Croissance
Peut-être avez-vous, comme nous, rencontré les Objecteurs de Croissance, lors de la manifestation du 19 mars 2009 au Havre ?
Ils ont accepté de répondre à quelques questions, qui vous permettront de mieux les connaître. Entretien avec Stéphane Madelaine, membre du Comité Havrais des Objecteurs de Croissance (ChOC) et du Parti Pour La Décroissance (PPLD).
JeVisAuHavre : Suite à votre présence remarquée à la grève générale du 19 mars, nous avons souhaité en savoir plus sur la "décroissance". Sur votre site havrais, vous écrivez : "Un jour, il faudra reconnaître que le seul système qui soit vraiment efficace dans une société de croissance, c'est le capitalisme. Or, ce capitalisme nous mène droit dans le mur. Ce qui signifie que tous les partis dits de gauche qui gardent cet objectif de croissance nous mènent droit dans le mur aussi. En effet, ils ne font que de simples arrangements avec le capitalisme... Ils sont de droite." Vous vous positionnez donc très à gauche ; pourquoi ne pas agir avec des "gros" partis ou mouvances (LO, NPA, anarchistes peut-être) ?
Stéphane Madelaine : J’ai écrit cette phrase dans prendre la précaution de définir ma propre définition du clivage gauche-droite ; c’était probablement quand j’estimais que mon site n’était visité que par ma grand-mère et ma mère (rires). Cette petite provocation a quand même du sens. La Décroissance se place bien au-dessus de tout cela. Ce clivage gauche-droite semble aujourd’hui dépassé dans ce contexte de crise anthropologique, c'est-à-dire économique, financière, énergétique, écologique, sociale et culturelle. Nous nous interrogeons toujours quant à la définition d’« être de gauche ». En revanche nous restons extrêmement vigilants face aux tentatives de récupération par l’extrême droite. Le PPLD, bien que composé de personnes venant d’une culture de gauche, souhaite transcender le clivage gauche-droite et rassembler autour de ses valeurs fondamentales que sont l'anticapitalisme, l'antiproductivisme et donc l'anticonsumérisme, tout en ne s’interdisant aucune discussion avec d’autres partis (certains membres du PPLD ont des contacts avec des militants du MODEM). Le PPLD a récemment rencontré le NPA et le Parti-de-Gauche*. Le PPLD souhaite rassembler des personnes en quête de sens.
JeVisAuHavre : Produire moins ne signifie-t-il pas plus de chômage ?
Stéphane Madelaine : Entre 1980 et 2005, le PIB corrigé à augmenté de 80% alors que le taux de chômage n’a pas baissé : l’augmentation de la production ne permet pas de réduire le chômage. Le chômage est inhérent aux systèmes capitalistes. Le chômage est nécessaire que pour les employés acceptent de produire tout et n’importe quoi dans n’importe quelles conditions. André Gorz a très bien décrit ce principe**. On prend le problème dans le mauvais sens. On ne devrait pas produire pour créer de l’emploi, mais répartir les activités en fonction des besoins de productions. Je n’ai pas vraiment l’impression que tout ce qui est actuellement produit réponde à de réels besoins... si ce n’est d’augmenter le PIB... donc la production. Il faut repenser sérieusement les besoins de la société pour ne plus tomber dans les travers du « produire pour produire, peu importe quoi ». De plus, la production ne peut plus continuer à croître exponentiellement sans que l’humanité ne soit prochainement confrontée à une catastrophe écologique. Pour toutes ces raisons, il devient urgent de déconnecter la valeur travail, chère à Adam Smith, de la notion de revenus. Il faut repenser totalement nos notions d’activités, d’échanges, de productions et de distributions ainsi que leurs interactions. Ci-dessous, plusieurs axes d’actions permettraient d’y parvenir :
- Un accès aux ressources universel et inconditionnel (appelé aussi RUI)
- couplé à un revenu maximum autorisé (RMA)
- Un débat démocratique sur la mise en place de la gratuité ou quasi-gratuité du "bon-usage" et sur le renchérissement du "mésusage" ; par exemple pourquoi payer le même prix l’eau que l’on boit que celle qui remplie nos piscines ?***
JeVisAuHavre : Qu'est-ce que le Parti Pour La Décroissance a de nouveau à apporter ?
Stéphane Madelaine : Le PPLD est le seul parti à ce jour qui remet profondément en cause la société de croissance. Seule cette remise en cause est à même de proposer un projet permettant de sortir des crises environnementales, sociales, économiques, culturelles et politiques causées par le dogme de la croissance. Il s’agit de la mise en place d’un nouveau paradigme, d’un nouveau projet de société soutenable (questions écologiques) et souhaitables (questions culturelles et sociales).
JeVisAuHavre : Est-ce qu'une révolution (armée, par définition) est nécessaire pour vous ?
Stéphane Madelaine : Le lien entre « révolution » et « violence » ne me parait pas si implicite****. A supposer que la question porte sur les risques de guerres ; on peut craindre que si nos sociétés n’opèrent pas leur révolution maintenant, les guerres, pour l’accès au ressources et aux territoires notamment, vont se multiplier. « Décroissance ou barbarie » est le titre d’un essai de Paul Ariès. Il prend corps dans le concrêt. Les citoyens choisiront entre Récession subie et Décroissance choisie. Il n’est pas question d’imposer le deuxième choix autoritairement. S’ils choisissent la première hypothèse, ils s’exposent à des guerres. La Décroissance a vocation à être démocratique.
JeVisAuHavre : Présenterez-vous aux élections Européennes et Régionales des candidats au nom du PPLD ou en commun avec d'autre partis ?
Stéphane Madelaine : Le Parti Pour La Décroissance, associé à des membres du Mouvement des Objecteur de Croissance, lance sa campagne Européenne le samedi 25 avril à Paris.***** La présence de listes est importante dans la campagne officielle car elles permettront de mettre en débat publique et médiatique les valeurs de la Décroissance. Cette démarche s’inscrit dans la volonté de lancer un mouvement politique sur le long terme.
JeVisAuHavre : Merci pour ces quelques informations.
Stéphane Madelaine a souhaité ajouter à ses affirmations un ensemble d'informations sur Internet, que vous pouvez ici retrouver :
* voir http://www.partipourladecroissance.net/?cat=1.
** voir http://ecorev.org/spip.php?article641.
*** voir http://www.partipourladecroissance.net/?p=1374.
**** voir http://www.cnrtl.fr/definition/r%C3%A9volution.
***** voir http://www.partipourladecroissance.net/?p=1354.
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