Entretien - Erwan Lehoux, Président de l'Unef du Havre, suite aux nouvelles mesures gouvernementales pour les étudiants
28/08/2010
L'Etat vient d'annoncer 9 mois et demi de bourse cette année, puis 10 l'année prochaine, ainsi que la possibilité de les cumuler avec une demi-part fiscale s'ils sont rattachés au foyer fiscal de leurs parents.
Comment réagissez-vous à ces annonces ?
A vrai dire, nous ne boudons pas notre plaisir. D'une part par conviction, car ce sont de réelles avancées à nos yeux - ou tout du moins des "non-reculs" en ce qui concerne les APL. D'autre part car nous avons ici la preuve que l'engagement syndical peut encore avoir une utilité et une certaine force.
Néanmoins, il ne s'agirait pas de déformer notre propos. Nous ne satisfaisons pas de ces seules victoires !
Ces annonces répondent donc partiellement aux revendications pour lesquelles vous aviez organisé une manifestation prévue pour la venue en début de semaine de Valérie Pécresse. Sonnent-elles donc un début d'année sociale calme pour l'Université havraise ?
J'allais aborder ce point. Ces annonces répondent à certaines de nos revendications. Ainsi, à l'UNEF, nous nous battions depuis des années pour la création du 10ème mois de bourse (voir notre site internet - www.unef-havre.new.fr -, rubrique "campagnes"). De même, nous nous sommes opposés à l'interdiction de cumuler APL et demi-part fiscale dès le début, au mois de juillet. Ainsi, nous avons été écouté sur ces deux points, c'est incontestable.
Mais cela ne règlera pas tout et ne permettra pas de mettre un terme à la précarité étudiante, ce qui est notre véritable fin. C'est pourquoi nous ne nous arrêterons pas là. Au contraire, ces annonces doivent nous motiver davantage. Nous avons réussi à faire reculer le gouvernement et à obtenir, en prime, des avancées, sans même commencer à nous mobiliser. Le rassemblement prévu au Havre, qui eût été l'un des premier, n'a même pas eu le temps d'avoir lieu ! Cela signifie que nous avons encore un potentiel considérable que nous pouvons mettre en œuvre afin d'obtenir encore plus.
Quelles sont vos autres revendications ?
Éradiquer la précarité étudiante, afin de permettre à tous d'étudier dans de bonnes conditions, est l'une de nos priorités. De fait, nous pensons que c'est grâce à l'éducation que nous pourrons changer la société et la rendre plus juste et plus démocratique.
C'est pourquoi, si l'éducation est notre priorité - nous soutiendrons ainsi la mobilisation enseignante du 6 septembre prochain -, nous n'en oublions pas pour autant d'autres luttes qui sont fidèles à nos valeurs. Et ce d'autant plus que notre rôle est aussi de défendre les étudiants et la jeunesse dans son ensemble.
Ainsi, nous participerons aux actions contre la politique sécuritaire de Sarkozy (le 3 septembre au Havre, 17h devant la sous-préfecture ; le 4 septembre à Paris, 14h à République). Nous serons aussi de la partie lors de la grande journée d'action nationale pour la défense des retraites, qui à la fois est socialement injuste et anti-démocratique - donc contraire à nos valeurs - et à la fois concerne directement l'ensemble de la jeunesse qui sera la plus durement touchée.
Pour nous l'enjeu sera dorénavant de réussir à mettre la jeunesse dans la rue. Si nous y arrivons - et nous y croyons -, c'est toute la stratégie du gouvernement qui s'écroule. Car soyons clairs, les dernières annonces du gouvernement en faveur des étudiants ne répondent pas à de véritables convictions du pouvoir au sujet de l'éducation qui serait un investissement durable - sinon, le gouvernement commencerait par geler non pas les salaires, mais les suppressions de postes. Il s'agit en réalité de calmer les étudiants afin d'éviter qu'ils ne descendent dans la rue à la rentrée, en même temps que la mobilisation contre la réforme des retraites !
Une actualité JeVisAuHavre.com.
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