Politique - Pour qui roule le Front de Gauche ?
12/04/2009
Face à la montée dans les sondages d'Olivier Besancenot et à la déconfiture des deux principaux partis de la gauche française - le Parti Socialiste et le Parti Communiste -, le Front de Gauche est né. Objectif du nouveau Front : donner mal au crâne à la droite.
Omniprésent lors de la manifestation du 19 mars, le Front de Gauche s'est rapidement imposé sur le paysage politique français. Impossible de rouler dans nos campagnes sans voir des affiches du mouvement. Mais qui sont les nouveaux frontistes ?
En Seine-Maritime, comme à Paris, porté par le PCF, il s'est ouvert aux membres du Mouvement Républicain et Citoyen de Jean-Pierre Chevènement, alors qu'à Alès par exemple le "repli trop nationaliste" du MRC leur a interdit l'accès au Front de Gauche. Le Midi Libre nous apprend aujourd'hui par ailleurs que "ce comité a l'intention d'agrandir le cercle avec notamment les acteurs des mouvements sociaux. Des syndicalistes s'associent à nous pour mener une campagne pour une autre Europe vraiment sociale." Là-bas par ailleurs une minorité issue du Nouveau Parti Anticapitaliste de Besancenot a rejoint le Front de Gauche. Et d'autres groupuscules se sont joint à ce Front. Par exemple le M'PEP, le Mouvement Politique d'Education Populaires, qui fait également figure de petit nouveau dans la politique, puisqu'il n'existe que depuis mai 2008. Ce groupe se présente comme étant "composé de militants ou anciens militants de partis de gauche, d’associations, de mouvements altermondialistes ou de syndicats".
Parmi les fondateurs du Front, on retrouve également le frondeur du PS Jean-Luc Mélenchon. Le Parti de Gauche fait donc campagne commune avec le Front pour les élections Européennes. Et il compte poursuivre son ouverture à tous les vents. Marie-Georges Buffet rappelle toutefois à qui veut l'entendre que le mouvement, c'est le PCF. Pour les prochaines échéances électorales elle a ainsi déclaré : "Nous visons la gagne dans toutes les circonscriptions". Elle souhaite "au moins le doublement" du nombre d'élus. Pas franchement inaccessible, son rêve : en 2004, deux communistes seulement avaient été élus pour le Nord : Jacky Hénin et Francis Wurtz. Et les crises ont toujours tendance à radicaliser les votes.
Quoi que s'appuyer sur Jacky Hénin pour vaincre n'est peut-être pas un bon calcul. L'indétronable maire de Calais a en effet été déboulonné il y a un an, cédant la place à Natacha Bouchart, UMPiste. Il a également cédé un siège communiste de longue date au Département à un candidat de droite. Bref, un ancien vainqueur qui ne fait plus trembler grand monde dans le microcosme politique... Le sieur est par ailleurs connu pour appeler le nouveau maire "Princesse" lors des conseils municipaux. Au point que Natacha Bouchart a déclaré le mois dernier que "l'ancien maire ne s'est pas encore remis en question... Il ne change pas de comportement et continue de manquer de correstion. Il méprise les autres. Et le jour où, humainement, il appréciera l'autre, il changera." Et la Voix du Nord fait un bilan plutôt positif du changement de politique à la mairie de Calais... De quoi rendre Jacky Hénin un peu moins populaire encore dans la région Lilloise.
Et après ?
Et finalement le PCF ne laissera-t-il pas son nom définitivement aux oubliettes, si les élections Européennes sont une réussite pour le Front de Gauche ? Le communisme ne fait plus rêver ; Russie, Corée, Chine ne sont pas des exemples en matière d'humanisme. La France est d'ailleurs l'un des derniers pays occidentaux à avoir un Parti Communiste. Le Parti Communiste Français sait qu'il va mourrir s'il ne change pas, le facteur Besancenot radicalisant encore plus le discours... Le renommer discrètement, en y intégrant des forces issues des autres courants, n'est-ce pas en définitive le pari que s'est donné le Parti Communiste Français ? L'avenir nous le dira.
Photo issu du journal du 10 avril 2009 du Parti de Gauche.
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